Qui êtes-vous?
Sophie PERRIER, 31 ans, chargée d'affaires dans la société MES.
Après un IUT Génie Civil et une école d’ingénieur, j’ai commencé ma vie professionnelle en 2012 comme conducteur de travaux TCE chez Vinci Construction Monaco sur un projet emblématique en principauté de Monaco, la Tour Odeon. En 2018 j’ai eu l’opportunité de rejoindre la société CRUDELI Monaco en tant que chargée d'affaires CVC-Plomberie, l’occasion de me spécialiser pour ce domaine qui, au départ, n'était pas une évidence. Décembre 2020, j’ai rejoint la société MES pour un titre similaire certes mais pour des projets plus techniques et complexes. En effet, je m’épanouie pleinement dans le domaine du génie climatique.
En quoi consiste votre métier ?
En charge d’un chantier en CVC Plomberie, je récupère le dossier établi par l’équipe chiffrage et études afin de décortiquer les prestations à réaliser, le planning et les budgets. Je commence ensuite à réfléchir à l’organisation du chantier, les choix et variantes techniques, l’enclenchement des tâches et lance les premières consultations d’achat de matériel et de prestations de sous-traitance. Je m'appuie sur un chef de chantier ainsi que sur mon responsable pour échanger et valider les choix. Lorsque le chantier démarre, je m’occupe d’organiser les interventions de mon personnel propre, de partenaires et sous-traitants. Je finalise les devis pour passer les commandes, m’occupe des démarches administratives. Aussi, j’assure le suivi des travaux et fais des rendez-vous réguliers avec le client, l’architecte et la maîtrise d’œuvre pour échanger sur des problématiques d'exécutions et trouver les solutions adéquates.
Je tiens tout de fois à nuancer mes propos par le fait que le métier de chargé d'affaires peut différer selon les sociétés, mais également par le type ou la taille de projet.
Avez-vous déjà été confrontée à des idées reçues en tant que femme dans le secteur du BTP ? Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le métier ?
Bien sûr ! Pas plus tard aujourd’hui on m’a demandé si ce n’était pas trop dur d’être une femme dans le bâtiment. J’ai répondu que c’était plus compliqué d’être chargée d’affaires qu’une femme !
En effet, ce métier demande beaucoup d’implication, d’investissement et de rigueur à chaque phase du chantier.
Je ne suis qu’au début de ma carrière professionnelle, mais les premières années je cumulais le fait d’être jeune et d’être une femme. Évidemment, j’ai eu quelques réflexions machistes mais également beaucoup de bienveillance.
Mon attitude sérieuse et travailleuse m’a permis de gagner petit à petit en confiance et en légitimité.
Aujourd’hui, comment se déroule votre quotidien dans ce secteur principalement masculin ?
A ce jour, je vois bien que cela surprend encore certains de voir une femme débarquer en réunion de chantier. Mais en 8 ans, je trouve que les mentalités évoluent. Je trouve les hommes plus ouverts et certains n’hésitent pas à dire qu’ils préfèrent recruter des femmes car elles ont notamment un savoir-être que certains compères masculins n’auront jamais.
Cela dépend aussi du public, j’ai plutôt un bon relationnel mais sur le terrain je reste vigilante. Je garde une attitude très professionnelle, ainsi mes interlocuteurs comprennent que je suis là pour le travail et non pour autre chose.
Avec le client, l’architecte et la maîtrise d’œuvre c’est différent, chacun défend des intérêts dans un esprit constructif.
Quand on commence un nouveau projet il faut faire connaissances avec toutes les parties prenantes, apprendre à travailler ensemble et petit à petit la confiance s’installe, et cela homme ou femme.
Que conseilleriez-vous aux femmes encore hésitantes à se lancer dans ce secteur ?
Il y a de la place pour elles ! Bien sûr ce ne sera pas un long fleuve tranquille. Mais est-ce plus facile dans d'autres secteurs ? Je ne pense pas. En vérité, je suis convaincue que cela dépend également du caractère. Je me sens bien dans ce domaine très masculin. J’aurai été dans un milieu majoritairement féminin, je ne sais pas si je serai autant épanouie, si mes relations professionnelles auraient été aussi saines.
Le mois dernier une jeune étudiante m’a dit qu’elle voulait être en bureau d’étude car elle ne se sentait pas à l’aise sur le terrain. Je peux comprendre, il faut avoir une certaine présence pour s’exprimer devant un public d’homme et une bonne dose de confiance en soi, au moins en apparence.
Et cette jeune femme va concrétiser son souhait en intégrant un bureau d’étude.
Bureau de contrôle, maîtrise d’œuvre, service de chiffrage, de SAV, de maintenance, expertise, maîtrise d’ouvrage, architecte, décorateur sans oublier chargé d'affaires, autant de secteurs dans le bâtiment ouverts aux femmes.
Elles ont leur carte à jouer, les femmes ont un regard complémentaire à celui des hommes, les projets ne s’en porteront que mieux !
Pour finir, Solitech vous a-t-il changé la vie ?
Evidemment ! J’ai eu la chance de participer à la création d’interventions pour le suivi et contrôle chantier en CVC Plomberie. Et ensuite j’ai pu les utiliser sur mon chantier.
Une révolution positive mais qui nécessite d’accompagner les équipes terrain (chargé d'affaires, chef de chantier, chef d’équipe) lors de la prise en main de l'outil.
Les principaux avantages de la digitalisation ; pas de perte de document papier, historique, exploitation rapides des données (tri, filtre, etc…) , suivi en temps réel et programmation donc anticipation.